Signes barbares
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Un libre penseur missionnaire en pays batak

mardi 21 novembre 2017, par Alain

Le sabre et le goupillon

La colonisation de l’archipel indonésien par les Hollandais commence au début du XVIIe siècle. C’est en 1602 qu’est fondée la « Vereenigde Oostindische Compagnie » (Compagnie des Indes Orientales). Elle obtient le monopole du commerce dans l’Océan Indien et dispose de pouvoirs et de moyens considérables tant en hommes qu’en matériel puisqu’elle peut lever des troupes et qu’en plus de ses navires de commerce, elle dispose de vaisseaux de guerre. A l’exploitation des richesses locales, l’or, les diamants, les épices (poivre, girofle, muscade), elle ajoute la traite des esclaves et connaît une prospérité qui durera jusqu’à sa faillite en 1799. Cette domination permet aux Hollandais d’évincer les Portugais implantés avant eux et d’étendre peu à peu leur hégémonie à toute cette région du monde. Durant presque 350 ans et plusieurs guerres coloniales les populations indigènes sont placées successivement sous le joug des Portugais, des Hollandais, des Anglais, des Français, à nouveau des Anglais, puis des Hollandais et enfin des Japonais. En 1945 l’Indonésie proclame une indépendance à laquelle Hollandais, Britanniques et Japonais tentent encore de s’opposer. Mais elle est reconnue en 1949 quand est créé un Commonwealth appelé Union hollando-indonésienne dont la dissolution le 10 août 1954 met un terme définitif à l’ère coloniale. On connaît l’alliance étroite du sabre et du goupillon dans beaucoup d’entreprises colonisatrices. Pour les Indes néerlandaises c’est la Nederlandsch Bijbelgenootschap (Société biblique néerlandaise) qui se fixe comme mission la conversion au christianisme des peuples autochtones en leur faisant découvrir la Bible par des traductions en leurs langues. Elle charge donc des linguistes-missionnaires d’aller sur place étudier les langues, d’élaborer ensuite des grammaires et des dictionnaires et enfin de rédiger des traductions. Consciente des difficultés de la tâche, elle leur laisse le temps de mener à bien leurs études et une grande liberté pour les organiser. Les premiers missionnaires produisent tous, de la manière la plus classique qui soit, les ouvrages qu’on leur avait commandés, en mettant leurs compétences au service de leurs convictions religieuses. En revanche c’est un personnage d’un style fort différent que la Société biblique engage lorsqu’elle décide d’envoyer un délégué en territoire batak, au nord de Sumatra.

Une forte tête

Herman Neubronner van der Tuuk naît à Malacca le 23 février 1824 de Selfridus van der Tuuk, haut magistrat dans l’administration coloniale, et d’une mère eurasienne, Louisa Neubronner, issue d’une famille implantée en Malaisie depuis plusieurs générations. La même année Malacca passe aux mains des Britanniques et la famille va s’installer à Java, à Surabaya où Herman passe sa petite enfance. A 12 ans il est envoyé à Groningue chez un oncle pasteur protestant, puis dans un pensionnat en raison de problèmes de comportement qui, semble-t-il, n’ont pas de répercussions sur son évolution intellectuelle puisqu’il est admis à l’université à l’âge de 16 ans. Son père veut qu’il suive ses traces mais Herman ne poursuit pas ses études de droit au-delà de l’examen de fin de première année, préférant consacrer toute son énergie à l’apprentissage des langues pour lequel il manifeste des dispositions hors du commun, en premier lieu une mémoire prodigieuse. A Groningen, outre le latin et le grec, il assimile l’anglais et le portugais et s’initie à l’arabe, qu’il approfondit à Leyde à partir de 1845. Il s’y consacre aussi au persan, au malais et au sanskrit. Ses premiers articles sur la grammaire malaise sont publiés en 1846. Dès cette époque il est reconnu comme un phénomène. C’est d’ailleurs son professeur d’arabe qui l’incite à postuler auprès de la Société biblique néerlandaise qui veut envoyer un linguiste à Sumatra, en territoire batak. Les responsables qui examinent sa candidature sont impressionnés par les capacités exceptionnelles du jeune homme mais celui-ci ne fait pas mystère de son absence de motivation religieuse, réticence qui n’empêche pas la signature, en décembre 1847, d’un contrat dans lequel chacun trouve son compte. Une somme de 4000 florins (soit environ 20000 euros) est allouée annuellement à H. N. van der Tuuk, à charge pour lui d’étudier la langue dès son arrivée, dans la perspective de rédiger un dictionnaire et une grammaire qui pourront servir à d’autres missionnaires, de repérer le dialecte le plus communément parlé et de l’utiliser pour traduire les Écritures, en commençant par le Nouveau Testament. On lui demande de se tenir prêt à partir pour Sumatra en mai 1848. Pourtant il se rend à Londres pour y copier les quelques manuscrits bataks qu’il trouve dans les bibliothèques et en profite pour rédiger deux catalogues de manuscrits malais. Il n’arrive donc à Batavia que le 2 septembre 1849 et rend d’abord visite à sa famille à Surabaya, où son père l’adjure — sans succès — de se marier. En octobre il revient à Batavia afin d’y poursuivre ses recherches. Mais son départ pour Sumatra est retardé par la mousson et par une grave crise de malaria. Il est admis à l’hôpital militaire pour une longue période et parvient à rédiger dans les moments de répit que lui laisse la maladie une étude sur le malais standard considérée par les spécialistes comme fondamentale. Il souffre aussi d’une sorte de dépression nerveuse probablement liée à la contradiction entre les objectifs de sa mission et ses convictions personnelles. En effet, à peine s’est-il embarqué, le 1er juin 1849 sur le Princesse Sofia à destination de Java qu’il écrit à un ami une longue lettre dans laquelle il exprime son dégoût de la religion. A la fin du mois d’août 1850 il formule les mêmes réticences sur la religion et la politique de christianisation des Hollandais dans une lettre à la Société biblique et demande l’annulation du contrat qui les lie. Sa demande est refusée et le ton presque injurieux de sa lettre est mis sur le compte de la fièvre et de la fatigue. On ne sait s’il faut louer la clairvoyance des responsables de la Société biblique qui refusent de se priver d’un linguiste si exceptionnellement doué, ou s’étonner du pragmatisme presque cynique qui les pousse à confier à un athée une mission aux objectifs religieux.

Sumatra

Après une convalescence prolongée H. B.van der Tuuk part enfin le 14 janvier 1851 pour le nord de Sumatra où il rejoint à Sibolga le résident de Tapanoeli, division administrative située sur la côte occidentale. Il trouve l’endroit impropre à l’étude du batak parce que trop marqué par l’influence malaise, et remonte jusqu’à Barus, port déjà connu de Ptolémée et Marco Polo pour son exportation de camphre. Là il est à la lisière du territoire batak, dont le centre est le lac Toba. Des crises répétées de malaria l’empêchent de s’enfoncer immédiatement à l’intérieur des terres. Il y parvient en avril 1852 et collecte un important matériau sur la langue et la culture des populations rencontrées. Il se risque en février 1853 dans la vallée de Silundung où aucun Européen ne s’est encore aventuré. Mais si les habitants de cette vallée n’ont pas encore vu les colons hollandais, ils ont entendu parler d’eux et de leurs méfaits et leur sont fort logiquement violemment hostiles.

Dans une longue lettre du 23 juillet 1853 au secrétaire de la Société biblique, Van der Tuuk raconte ses premières incursions à l’intérieur des terres et en particulier les deux occasions où il a failli périr victime d’anthropophagie. La première fois on le soupçonnait d’être un espion à la solde du gouvernement hollandais. Mais les Bataks éprouvaient quelque difficulté à identifier leurs différents ennemis avec certitude et à distinguer faits historiques réels et récits mythologiques transmis par la tradition. Cette confusion et l’intervention opportune d’un maquignon malais, soucieux de préserver la vie d’un client potentiel, lui sauvèrent la vie. La seconde fois c’est l’indécision des membres d’une bande de voleurs, s’épuisant en palabres interminables, qui fut la planche de salut. Quand Van der Tuuk relate ces péripéties, il le fait avec humour, écrivant par exemple : « A cet instant ces messieurs étaient occupés à parler de nos morceaux les plus savoureux. » Malgré le danger, il poursuit ses explorations et parvient jusqu’au lac Toba qu’aucun Européen n’avait vu avant lui. Situé au cœur du territoire batak, c’est le plus grand lac volcanique du monde. En son milieu se trouve Samosir qui est, avec ses 630 km2, la plus grande île dans une île du monde. L’indépendance d’esprit du voyageur s’exprime à tout moment par une liberté de ton en complet décalage par rapport à la retenue et à l’austérité calvinistes qu’on attend de lui. A ses observations ethnologiques il ajoute des détails qu’il sait choquants pour son correspondant ainsi que des réflexions antireligieuses. Cette franchise peut générer des malentendus puisque certains ont voulu voir en lui un défenseur du cannibalisme, ce qui est évidemment abusif puisqu’il dénonce cette pratique qu’il qualifie de barbare et ajoute qu’il ne parvient pas à faire comprendre son point de vue aux Bataks. Il reproche simplement aux missionnaires hollandais de considérer les Bataks comme des animaux parce qu’il arrive à certains d’entre eux de dévorer des humains accusés d’espionnage ou coupables de s’être intéressés de trop près aux femmes des autres et de ne pas accabler de la même réprobation ceux qui ont torturé ou massacré leurs semblables au nom de la religion chrétienne. Il ne peut admettre que des individus qui pensent que leur Dieu est amour, tuent d’autres personnes pour les en persuader et, qui plus est, se croient moralement supérieurs. Il n’épargne pas davantage ses correspondants sur le chapitre des mœurs et répond volontiers dans ce domaine aux questions qu’on évite bien de lui poser. C’est ainsi qu’à propos de l’étonnement des Bataks à le voir vivre sans femme, il évoque la condition des fonctionnaires hollandais célibataires dans les Indes néerlandaises. De même il semble se délecter à l’avance de l’embarras de ses lecteurs quand il insiste sur certains détails salaces en exposant les chants, les coutumes ou les mythes bataks. Il leur reproche ainsi qu’aux missionnaires protestants en général de ne penser qu’à convertir rapidement les peuples indigènes sans chercher à les connaître et à les comprendre, d’ignorer leur langue et leur culture. Il constate, d’ailleurs sans s’en réjouir, que les musulmans, qui s’intègrent à la population locale et épousent des femmes indigènes, sont plus efficaces dans la conversion. Les administrateurs et les militaires hollandais sont taxés de la même ignorance et les marchands chinois exploiteurs n’échappent pas davantage à ses critiques. Guerriers bataks

Prenant fait et cause pour ces humains qu’on méprise, qu’on maltraite et qu’on asservit, il milite pour qu’on les reconnaisse et assure la liaison entre eux et le gouvernement hollandais. Peu à peu il gagne la sympathie et l’estime des Bataks et se perfectionne dans leur langue grâce à un professeur indigène qui vit chez lui et l’introduit auprès de nouveaux interlocuteurs, grâce auxquels il amasse une somme considérable d’écrits et de transcriptions de textes oraux, d’observations grammaticales, lexicales ou ethnologiques. Souvent en proie à la solitude ou à la maladie, il poursuit cependant ses recherches sans relâche. Mais il ne cesse de se sentir coupable de complicité avec une religion qu’il juge néfaste. Il lui arrive même de regretter la faiblesse qui l’a entraîné à accepter cette mission. Ainsi l’offre de la Société biblique de rentrer en Hollande afin d’y publier les résultats de ses travaux arrive-t-elle à point nommé.

Amsterdam

Il rentre donc à Amsterdam en 1857 et publie en quelques années les traductions de la Bible en batak qu’il a bien dû exécuter à son corps défendant, un gros dictionnaire batak, une grammaire en deux volumes, une anthologie en quatre volumes regroupant des textes dans les trois principaux dialectes, ainsi que divers travaux sur le malais. Pour l’ensemble de ses travaux il est nommé docteur le 17 juin 1861. Il est unanimement loué pour ses publications d’une telle qualité qu’elles ne sont toujours pas dépassées aujourd’hui, fait rarissime dans le domaine de la linguistique. Cette extrême compétence alliée à un caractère indépendant, voire ombrageux, l’engage dans plusieurs controverses, dont une polémique avec Taco Roorda, véritable institution, et spécialiste du javanais qu’il prétend être à l’origine de toutes les langues d’Indonésie alors qu’il ne connaît pas les autres et n’a même jamais mis le pied dans les Indes orientales. Le sang de Van der Tuuk ne fait qu’un tour et il ne lâchera pas prise avant d’avoir rétabli la vérité scientifique qu’il place au-dessus de toute autre considération. Mais la Société biblique n’est pas moins obstinée et lui demande le 12 mars 1862 de partir pour Bali où il reste des humains à convaincre de la supériorité de la religion chrétienne. De nouveau l’attitude de Van der Tuuk est ambigüe. Il songe sérieusement à quitter le service de la Société biblique mais se prépare indirectement à la nouvelle mission qu’on veut lui confier. Il voyage en Europe et étend le domaine de ses études à une douzaine de langues supplémentaires, atteignant et dépassant souvent le niveau des spécialistes qui l’initient. Finalement il manque d’argent et, la nécessité l’emportant sur les principes, il s’embarque pour Bali. Cette fois une insurrection puis une épidémie de choléra l’empêchent de rejoindre sans délai sa destination et l’obligent à séjourner à Java. Il y voyage un moment mais supporte mal le climat, plus étouffant que celui du nord de Sumatra. De plus il ne partage pas l’opinion commune selon laquelle la civilisation javanaise serait supérieure aux autres et ne se laisse pas impressionner par un raffinement qu’il juge superficiel. Le vernis de la civilisation cache mal la misère et les gens du peuple « vivent comme des rats », situation qu’il compare à celle de la France sous le règne du « grand Louis ». C’est pourquoi, lorsque le gouvernement lui propose un séjour de cinq mois dans le sud de Sumatra pour étudier la langue parlée dans le district de Lampong, il accepte avec empressement. Cette expédition, qui durera en fait une année entière, lui permet d’échapper à la société européenne qu’il exècre. Il écrit d’ailleurs : «  J’aspire à vivre parmi les indigènes afin d’échapper à notre prétendue civilisation » et aussi « Je me sens plus proche d’indigènes qui puent le poisson que d’hypocrites élégamment vêtus. »

Bali

H. B. van der Tuuk à Soekasade

En avril 1870 il arrive enfin à Bali. L’île, souvent ravagée par les épidémies de variole et de choléra, a mauvaise réputation. Mais il découvre les paysages magnifiques et le climat agréable d’une terre dans laquelle l’islam et le christianisme n’ont pas encore étendu leur influence. Il est séduit par la douceur, la gentillesse et la culture des Balinais et s’installe parmi eux dans une maison de bambou traditionnelle. Il parle et comprend leur langue en un temps record et gagne leur amitié. Beaucoup viennent le consulter sur différents sujets. Entre les visites il poursuit ses recherches. Ayant observé que les correspondances entre le kawi (langue littéraire des anciens Javanais) et le balinais sont plus évidentes qu’avec le javanais moderne, il entreprend la composition d’un énorme dictionnaire kawi-balinais-néerlandais auquel il travaillera plus de 20 ans. Renonçant aux traductions de la Bible, il écrit à la Société biblique qu’il veut se séparer d’elle pour être employé par le gouvernement. Dans une lettre il rappelle le cas de conscience que ce travail lui posait : «  Le babillage de Jéhovah Junior me rend malade et je me considère comme un homme qui fabrique des cercueils, c’est-à-dire comme quelqu’un qui reçoit des commandes pour des choses dont il ne voudrait pas pour son propre usage. » Maintenant il est mieux payé pour se consacrer uniquement à ses travaux linguistiques et retrouve une certaine sérénité même s’il continue à protester contre la manière brutale dont on traite les gens du peuple et la collusion entre le gouvernement hollandais et les despotes locaux. Les rares Européens qui se risquent jusqu’à lui s’étonnent de le trouver pieds nus, vêtu d’un sarong balinais, vivant sans confort, dans un fouillis de livres et de manuscrits et entouré de toutes sortes d’animaux dont deux ânes. Il les trouve beaucoup plus adaptés que les chevaux aux conditions de circulation à Bali et quémande, régulièrement mais en vain, auprès du gouvernement les fonds nécessaires à l’établissement et à l’élevage d’un troupeau. Ses conditions de vie – jusqu’à ses habitudes alimentaires qui sont d’une extrême sobriété – ne le distinguent en rien de ses voisins. Durant ses 25 dernières années il ne quitte plus son village que pour quelques brèves incursions à Java. Victime d’une des nombreuses crises de dysenterie qu’il a connues dans sa vie, il succombe à l’hôpital militaire de Surabaya le 17 août 1894. Le dictionnaire auquel il travaille depuis son arrivée à Bali n’est pas totalement achevé. Il le sera par son ami Brandes et paraîtra entre 1897 et 1912. Les 4 volumes de ce travail gigantesque totalisent 3600 pages. Jusqu’à la fin le maître incontesté des études indonésiennes aura été un esprit original et un personnage complexe et incontrôlable.

Notes :

– A notre connaissance il n’existe rien en français sur la vie de cet étrange personnage. – En anglais un chapitre lui est consacré dans E. M. Beekman : Fugitive Dreams ; An Anthology of Dutch colonial literature. Amherst, University of Massachusetts Press, 1988. On trouvera aussi une biographie de Van der Tuuk dans l’avant-propos que A. Teeuw a rédigé pour la traduction anglaise de la Tobasche Spraakunst, seul ouvrage de Van der Tuuk disponible en traduction : H. N. van der Tuuk : A Grammar of Toba Batak. The Hague, Martinus Nijhoff, 1971.

– Si l’on veut remonter aux sources il faut consulter les publications en néerlandais. On trouve un choix de lettres et documents intéressants, en particulier concernant les polémiques linguistiques auxquelles V.d.T. a pris part, dans R. Nieuwenhuys : Herman Neubronner van der Tuuk ; De pen in gal gedoopt ; Brieven en documenten verzameld en toegelicht. Amsterdam, Van Oorschot, 1962. Enfin l’ouvrage le plus complet, un très beau livre de près de 1000 pages denses, contient l’ensemble de la correspondance échangée entre Van der Tuuk et la Société biblique, de nombreuses lettres à des amis, une bibliographie très complète ainsi qu’un index : Een Vorst onder de TaalgeleerdenHerman Neubronner van der Tuuk – Taalafgevaardigde voor Indië van het Nederlandsch Bijbelgenootschap 1847 – 1873

Een bronnenpublicatie bezorgd door Kees Groeneboer . Leiden, KITLV (Koninklijk Instituut voor Taal-, Land-, en Volkenkunde) Uitgeverij, 2002.